Cantines scolaires : un permis à poing ?

Dans le Portes Infos de décembre 2024 (en page 7), un article fait l’éloge d’un permis de bonne conduite appliqué dans les cantines scolaires de la commune.

Ce permis, présenté comme non répressif, sanctionne les enfants en leur retirant des points sur une échelle prédéfinie et un courrier aux parents en cas de perte de points répétée.

En contrepartie, l’enfant peut regagner des points selon ses « bonnes » actions…

Mais, dans les faits, comment cela se passe ?

Pour rappel, le temps méridien est un temps de coupure dans une journée bien chargée pour les enfants et, pour certains, la seule possibilité d’avoir un repas complet et équilibré. Sur la commune, les cantines scolaires sont gérées par la mairie, avec du personnel communal,  souvent contractuel sans formation (ni Education Nationale, ni MJC qui gère le périscolaire).

L’article précise qu’il est possible de consulter ce fameux permis sur le portail numérique… Nous sommes allés vérifier et, s’il y a bien un permis vierge, il n’y a pas le permis lié à l’enfant concerné. Les parents ne savent donc pas du tout comment cela se passe pour leur propre enfant !

Le document mentionne les sanctions autres que le courrier d’information… Le courrier part quand l’enfant n’a plus que 6 points, il est exclu une journée s’il lui reste deux points, trois jours pour une perte totale des points et définitivement si cela se répète. L’exclusion est une punition pour l’ensemble de la famille et la vie professionnelle des parents.

Les points peuvent être perdus pour des faits anodins, comme refuser de goûter un plat ou chahuter avec ses camarades.

Le document présenté met un exemple de permis avec un élève partant de 12 points, sanctionné pour bousculade et insulte (-4 points) et récupérant ensuite deux points en animant un jeu… soit un total de 10 points en définitive (même si le document annonce 11 points).

Il est important que les enfants connaissent le règlement intérieur et le respectent mais nous avons quelques retours sur ce fameux permis et il est très éloigné de sa présentation de permis constructif plutôt que répressif.

Nous avons ainsi échangé avec des parents ayant reçu un courrier, sans explication et sans connaître sur quoi leurs enfants ont été sanctionnés. Ces parents étaient d’ailleurs très étonnés car leurs enfants n’avaient jamais eu, avant instauration de ce permis, de problème de comportement. Nous sommes même étonnés de voir son application dès la rentrée de septembre 2024, avec une information donnée aux parents seulement en décembre et avec les premiers courriers de sanction.

Des parents nous ont également alertés sur l’arbitraire de ce permis, reposant finalement sur la perception de l’adulte. Ainsi, l’enfant peut récupérer des points s’il présente des excuses « sincères ». Qui définit la sincérité ? Que se passe-t-il si l’enfant est puni à tort ? De même, l’enfant peut regagner des points en proposant « d’animer un atelier jeux, tout se passe bien ». L’enfant ne peut pas remplacer l’adulte et s’assurer qu’un jeu se passe bien.

Et, encore plus grave, des parents nous ont informés que ce permis servait désormais de chantage et de pression sur des enfants. Ils se voient menacés de perdre des points s’ils ne font pas telle ou telle chose et avec un chantage à la récompense. Cela n’a plus rien de pédagogique !

Les parents inquiets, à juste titre, n’ont pour l’instant aucun droit de regard sur ce fameux permis. Actuellement, les enfants fréquentant la restauration scolaire ont donc des fiches les concernant. Ces fiches sont remplies par des adultes non identifiés (pour comparer, sur le temps scolaire, les parents peuvent voir les enseignants et, sur le temps périscolaire, les animatrices et animateurs peuvent échanger également avec les parents). Bien souvent, ils découvrent l’existence de ce permis avec le premier courrier de sanction !

Nous invitons les parents d’élèves à nous faire remonter les dérives liées à ce permis.

Nous tenons également à rappeler, aux élu(e)s de la majorité, qu’il est absolument inadmissible que des enfants sont désormais angoissés à l’idée d’aller à la cantine avec ce système arbitraire et répressif !