Les élu(e)s de Portes Citoyenne ont adressé un courrier à la Première Ministre et au Ministre de la Solidarité et de la Santé pour alerter sur la pénurie de médecins sur Portes-lès-Valence et de prendre les mesures nécessaires pour répondre à ce problème national.
Madame La Première Ministre
Hôtel de Matignon
57 rue de Varenne
75700 PARIS SP 07
Copie à M. François BRAUN, ministre de la Solidarité et de la Santé
Madame la Première Ministre,
Notre groupe municipal « Portes Citoyenne » souhaite souligner la grave pénurie de médecins exerçant sur notre ville de Portes-Lès-Valence qui compte 10.840 habitants. L’Agence Régionale de Santé a d’ailleurs classé notre commune en zone sous dense depuis le 01/01/2022.
- Nous comptons quatre médecins généralistes à temps plein dont un va partir à la retraite à la fin du mois.
- Nous comptons deux médecins à mi-temps.
- En 2022, deux médecins de la ville de Livron sont venus s’installer sur notre commune mais ils refusent des patients portois car ils viennent avec leur patientèle !
- En janvier 2023, deux médecins venus de Valence se sont installés sur Portes-Lès-Valence mais ils sont à mi-temps et étant âgés, vont cesser leur activité d’ici un an !
Cette situation perdure désormais depuis trop longtemps. La population nous renvoie son désarroi devant la difficulté à accéder à des RDV médicaux et pour disposer d’un médecin référent.
De nombreux Portois sont dans l’obligation de pratiquer le nomadisme médical auprès de médecins surchargés des communes du bassin de vie du sud-valentinois.
Il résulte de cette pénurie de médecins l’engorgement de la Maison médicale et des Urgences à l’Hôpital Public de Valence, le développement de l’automédication et le renoncement aux soins ou aux examens médicaux.
A cela s’ajoute le fait que, désormais, pour de nombreux suivis et actes médicaux spécialisés en Drôme-Ardèche, nos concitoyens sont des patients captifs qui n’ont pas d’autres choix que de recourir à des activités de soins privées avec dépassements d’honoraires, voire non déclarées, qui nous éloignent de la déontologie « du tact et de la mesure » dans la fixation des honoraires pour une population et des patients très modestes.
Ces dernières années, nous avons suivi avec intérêt les débats et les mesures portant sur la démographie médicale.
En 2019, le gouvernement a annoncé la suppression progressive du « Numerus Clausus » qui limitait le nombre de médecins formés. Ce processus a débouché sur une nouvelle étape où un objectif a été annoncé de rehausser le nombre d’étudiants à 51.500 dans la période 2021-2025. Cet objectif s’accompagnant d’un plan « ma santé 2022 » dans laquelle s’inscrit une réforme des études universitaires en médecine avec la mise en place de nouvelles filières « PASS » et « LAS ».
De plus, les nouvelles générations de jeunes médecins aspirent à une qualité de vie et une diminution du temps de travail ne voulant pas vivre les conditions de travail exercées par leurs aînés. Ces nouvelles attentes font que les nouvelles générations de médecins suivront moins de patients et qu’il faut que les volumes d’étudiants formés en médecine intègrent ces données qui s’accélèrent depuis le Covid.
Enfin, nous constatons une embolisation de tout le système de formation des futurs médecins. Les universités ne disposent pas d’un budget suffisant ni des locaux leur permettant de former des étudiants supplémentaires.
Le constat est que la 2ème année d’étude en médecine est toujours un couperet activant une sélection qui représente un énorme gâchis.
Les filières « PASS » et « LAS » mise en place, loin d’améliorer les choses sont venues embrouiller le cursus universitaire pour ceux qui se destinent à la médecine suscitant de nombreux abandons et l’exil d’étudiants allant se former à l’étranger !
Les 51.500 étudiants formés annoncés d’ici 2025 ne seront pas au RDV. Actuellement, les résultats réels du nombre d’étudiants formés ne progressent seulement que de 1 à 3% dans la plupart des universités quand la progression prévue était de 20% !
La situation est grave et il convient de passer des discours aux actes. Nous ne pouvons-nous contenter du statu quo et d’attendre 2035. La démographie médicale et l’accès aux soins de nos concitoyens sont prioritaires. C’est pourquoi, nous vous demandons :
- De fixer à 15.000 le nombre d’étudiants formés en médecine dès cette année à la rentrée de septembre. Il faut 10 ans pour former un médecin. Cela doit être décidé immédiatement et l’effort doit être maintenu sur les 10 ans qui viennent. Non il n’y a pas trop de médecins alors que dans les 5 ans à venir, près de 50% d’entre eux vont partir à la retraite. Ces mesures fortes sont à mettre en regard aux 6 millions de français qui n’ont pas de médecin référent.
- De démocratiser l’accès des étudiants en médecine en finançant les études d’étudiants d’origine modeste. Charge à l’étudiant ensuite de rendre cette aide financière par une obligation de pratiquer la médecine pendant un certain nombre d’années dans les territoires où la désertification médicale s’accentue. Cette mesure serait de nature à revivifier une médecine dont la base libérale a montré ses limites.
- D’adopter un budget pluriannuel massif pour les universités sur les 10 ans qui viennent leur permettant d’enfin pouvoir répondre aux besoins de formations sanitaires et médicales de notre pays en veillant à une bonne répartition des formations dispensées sur tout le territoire en stoppant la compétition entre universités.
- D’encadrer la liberté d’installation en mettant en place un conventionnement sélectif incitatif à l’installation des médecins dans les déserts médicaux. Il est inadmissible que le choix de médecins nouvellement diplômés se porte préférentiellement sur des activités lucratives hors secteur 1 ou territoires de santé sociologiquement aisés déjà pourvus en médecins et qu’ils perçoivent de plus des primes d’installation sans obligation de prendre de nouveaux patients.
- D’inciter à développer la pratique des médecins maîtres de stage pour initier des vocations, pour faire découvrir le terrain aux stagiaires et contribuer à les fixer. Un effort soutenu doit être engagé pour accompagner et accroître le nombre de médecins accueillant des stagiaires.
- Nous soutenons la proposition de création de centres de santé publics reposant sur le travail en équipe pluri professionnelle, standard de qualité des soins de ville, avec des professionnels s’organisant de manière coordonnée pour des prises en charges facilitées. Cette démarche débouchant sur des professionnels plus épanouis et des patients mieux soignés. A côté du système conventionnel libéral historique à bout de souffle, il est urgent d’organiser un service public territorial de santé, sans dépassements d’honoraires avec tous les acteurs, publics et privés à but non lucratif. En cela, nous répondons aux propos de Monsieur le Président de la République qui affirmait lors de ses vœux aux acteurs et actrices de la santé : « Nous devons fortement décloisonner, simplifier, mieux organiser, valoriser, reconquérir nos territoires ».
Depuis 2019 où le Numerus Clausus a commencé à être progressivement supprimé, la situation n’a guère évolué. Nous vous interpellons car nous ne pouvons continuer à faire du sur place alors que chaque année le déficit du nombre de médecins s’aggrave.
Les mesures énoncées plus haut sont de nature à changer la donne et inverser cette spirale médicale et sanitaire.
Dans l’attente de votre réponse, recevez, Madame la Première Ministre, l’expression de nos salutations respectueuses.
Marie Jo BAYOUD-TORRES Pierre TRAPIER Agnès PAGES
Conseillère Municipale Maire honoraire Conseillère Municipale
Présidente de Portes Citoyenne Conseiller municipal
Hélène PINET Jean-Michel BOCHATON
Conseillère Municipale Conseiller municipal