Lors du dernier débat d’orientation budgétaire du CCAS, en février 2023, Marie-Jo Bayoud-Torres, élue Portes Citoyenne et membre du CCAS et de la commission Affaires sociales, a tenu à rappeler la politique sociale en trompe l’œil. Les caricatures, la stigmatisation et les mensonges, aussi bien au niveau local que national ne reflètent pas la réalité vécue par de nombreux foyers.
« Avant d’aborder le rapport d’activités de l’année 2022 et les perspectives 2023 du CCAS, il me paraît important de parler de la situation nationale au niveau économique et social.
Après 2 ans marqués par la crise sanitaire, la 16ème édition du barème de la pauvreté et de la précarité Ipsos/Secours populaire français met en lumière la difficulté pour une grande partie de la population de subvenir à ses besoins en pleine flambée de l’énergie et de l’alimentation. Avec l’envolée des prix et la pression sur les revenus, les conditions de vie pour beaucoup (pas seulement les plus fragiles mais également les classes moyennes) se sont détériorées en 2022. Transport, énergie et alimentation, c’est pour des postes de dépenses aussi essentiels que les difficultés ont le plus augmenté en 2022. Selon les personnes interrogées, près d’1 français sur 2 rencontre des difficultés pour payer de l’essence et les autres coûts liés au transport. Une augmentation de 15 points en un an ! 41 % sont fragilisées par le paiement de leurs dépenses d’énergie : chauffage, électricité, un chiffre en hausse de 5 points par rapport au baromètre 2021 et en hausse constante malgré le chèque énergie.
Si ces deux postes de dépenses engendrent des inquiétudes et des contraintes jamais vues depuis 2017, l’alimentation est également devenue un enjeu pour plus d’un tiers des Français : 37 % peinent à consommer des fruits et légumes frais tous les jours car l’alimentaire est tout simplement devenu hors de prix. Il s’agit d’une augmentation de 5 points par rapport à 2021, année marquée par une hausse de 20 % des personnes à venir dans les libres services de la solidarité pendant et après les confinements, principalement pour recevoir de l’aide alimentaire.
Avec la hausse de ces coûts au quotidien, plus d’un Français sur 3 réussit à peine à boucler ses fins de mois, est contraint de faire de plus en plus de sacrifices et le premier poste sur lequel les familles rognent est celui du départ en vacances. Plus d’une famille sur 2 s’en est privée totalement en 2022 (47 % soit + 7 points, une proportion jamais atteinte depuis 2017).
En ce début d’année, avec la situation jugée instable et très sombre, l’ensemble des personnes interrogées se montre pessimiste. Compte-tenu de la dégradation rapide de leur niveau de vie ainsi que de celui de leur entourage, les Français se montrent surtout inquiets pour les plus jeunes et 85 % d’entre eux considèrent que les risques de voir leurs enfants connaître un jour une situation de pauvreté sont plus élevés que pour leur génération. Un chiffre en augmentation de 7 points. Avec les pénuries qui se profilent encore (énergie et matières premières) et un contexte international instable, le panorama dressé par ce baromètre risque encore de s’assombrir dans les mois qui viennent. Les chèques cadeau de Macron n’ont pas fait reculer la pauvreté et la précarité puisque les conditions de vie continuent de se dégrader, le constat est unanime à ce sujet.
Voilà des éléments et des facteurs objectifs recensés également par d’autres associations caritatives qui doivent nous interpeller et nous permettre d’anticiper les actions indispensables à mettre en œuvre pour répondre aux besoins des personnes en difficulté. Il ne s’agit pas, Mme la Présidente, de faire de l’assistanat mais d’être juste et au plus près des besoins. Or, au regard du bilan 2022 du CCAS de la collectivité, ce n’est pas le cas. En effet, les recettes du vestiaire et de l’épicerie sont supérieures aux diverses dépenses (achats, banque alimentaire, colis). Les recettes se montent à 15000.58 € auxquels il faut rajouter la subvention de l’ANDES de 2608 € (même si celle-ci a baissé en 2022). Les dépenses : achats pour l’épicerie, règlement des denrées à la banque alimentaire et colis sont de 14736 €. On ne peut pas défendre une politique d’action sociale en faisant du bénéfice sur les activités mêmes. Ce n’est pas acceptable. Par ailleurs, nous devons aussi nous interroger sur la baisse constante depuis plusieurs années du nombre de bénéficiaires de l’épicerie sociale. En 2020 : 227 personnes dont 89 familles, en 2021 200 personnes dont 81 familles et en 2022 167 personnes dont 84 familles alors que la population portoise subit aussi de plein fouet la détérioration de son niveau de vie avec une inflation en hausse. S’agit-il d’une ignorance des champs d’intervention du CCAS ou de honte à venir demander de l’aide ? Toujours est-il que les liens avec tous les partenaires devraient être plus étroits. Comme il l’est souligné dans les perspectives 2023, il est nécessaire que les rencontres avec tous les partenaires sociaux soient vraiment régulières et qu’une meilleure concertation soit mise en place. En ce sens, une réunion par trimestrielle avec le CMS me paraît insuffisante. Une réunion mensuelle serait nécessaire pour un meilleur suivi des divers dossiers. Par ailleurs, Il y aurait peut-être d’autres pistes à explorer en plus de la MJC et du CMS comme un partenariat avec le service social de la Sécu pour les personnes en invalidité, accident du travail ou maladie. Cela permettrait d’avoir une meilleure approche des publics en difficulté et de les guider dans leurs démarches. Les agents du CCAS sont demandeurs et disponibles pour cela. On peut s’appuyer sur leurs compétences et leur écoute.
Concernant l’attribution des aides financières, même si elles sont en très légère hausse en 2022 (1611.47 au lieu de 1510.80 en 2021), leur montant est ridicule et nous devons faire un réel effort de solidarité au regard des difficultés rencontrées par les bénéficiaires. Même si l’épicerie sociale est un amortisseur social important et indispensable, elle ne permet pas de régler l’ensemble des problèmes rencontrés.
Quant aux colis, leur nombre reste également très bas malgré l’augmentation des plafonds et nous retrouvons à peu près les mêmes personnes d’une année sur l’autre. Peut-être devrions-nous réfléchir à revoir les critères d’attribution (Prendre en compte tous les revenus ainsi que les charges)
Pour terminer, je tenais à souligner que les divers ateliers qui ont été mis en place à l’épicerie sont très appréciés des bénéficiaires, qu’il est important de les poursuivre même si hélas, il faudra trouver d’autres intervenants puisque ce ne sera plus avec Comme Trois Pommes, qui confrontée aux difficultés économiques a mis la clé sous la porte, comme bien d’autres.
Le nouveau partenariat avec Valence Services avec un garage solidaire est une bonne initiative.
Merci de votre attention. »